Live Report
SHAÂRGHOT - TREPONEM PAL - FREAK INJECTION - Le Réacteur - Issy Les Moulineaux - 30/11/2019
Samedi soir dernier c’est sur les chapeaux de roue que je suis arrivée à l’Espace Icare pour aller voir et écouter pas moins de trois groupes, à savoir Freak Injection, Treponem Pal, et en tête d’affiche Shaârghot, les transports n’ayant pas été des plus conciliants : c’est chouette que tous les concerts alléchants n’aient pas lieu qu’à la Machine du Moulin Rouge, à l’Elysée Montmartre ou au Trianon, et que la banlieue ait aussi droit à une affiche de qualité, mais quand il s’agit de traverser la région de part en part pour atteindre Issy-les-Moulineaux cela reste hasardeux.
Je me fraie un chemin tant bien que mal dans la salle comble – le concert affiche complet ce soir – et prends le concert de Freak Injection en cours de route. Je suis un peu déçue d’avoir loupé deux ou trois morceaux, car même si c’est la quatrième fois que je les vois, je ne m’ennuie jamais une seconde pendant leurs shows, tant ils sont divertissants, chorégraphiés et s’enchaînent avec fluidité. Je retrouve tout de suite leur ambiance caractéristique, entre les lumières roses et violettes, les petits sauts de Kévin le bassiste (en t-shirt en résille et jupe en vinyle ce soir et non plus en kigurumi de requin ou de loup), la gestuelle proche du mime de Fernand le guitariste en veste façon fausse fourrure, et bien sûr la voix puissante et aiguë de Charlie la chanteuse, fille spirituelle de Nina Hagen et d’un Pégase arc-en-ciel. L’ancien batteur a cédé la place à un nouveau venu, Hector, et pour la troisième fois consécutive les Freaks sont accompagnés d’une danseuse, changeant de tenue quasiment à chaque chanson, toutes plus excentriques et dévêtues les unes que les autres. Comment résumer le phénomène Freak Injection ? Imaginez un mélange d’électro rock bien punchy, aux mélodies entraînantes et aux refrains entêtants, mené par des musiciens et une chanteuse branchés sur le secteur, saupoudrez le tout d’une esthétique à la fois kawaii et fétichiste, mêlant avec brio têtes de mort et paillettes, peluches et croix de Saint-André… C’est à la fois une tornade sonore et visuelle, un groupe à l’univers bien marqué qui peut susciter l’adhésion ou le rejet mais qui ne laisse pas indifférent. Pour ma part j’ai choisi mon camp depuis la première fois que j’ai vu le groupe, et depuis j’ai pu voir le show évoluer et vraisemblablement commencer à se stabiliser sous une forme plus ou moins fixe : depuis le dernier concert de Freak Injection au Bus Palladium fin août, les chorégraphies, tenues, enchaînements de chansons, mises en scène, accessoires et personnages ont peu évolué. Après le tournage de plusieurs clips et à l’approche de la sortie de leur premier album, le spectacle semble être désormais rôdé. Leurs tubes se succèdent sans temps mort, parmi lesquels l’on retrouve « Psycho », « Sex me », « Daddy is the Devil », ou encore en final tant attendu, la fameuse reprise de la chanson de la queen Britney, « Toxic ». C’est toujours sur les rotules que nous laisse le quatuor (ou sextet si l’on compte Orianne la danseuse et Régis le manager-à-tout-faire qui joue le jeu des costumes pour endosser divers personnages au cours du show), et pour ma part avec un moral à bloc, tant ils envoient au public une énergie positive et un dynamisme qui leur sont propres.
Autre groupe et changement radical d’ambiance, après une petite pause, avec Treponem Pal. Les pionniers du metal industriel français, originaires d’Ile-de-France, sont actifs depuis plus de 30 ans, et suivis par un public fidèle ; d’ailleurs l’on peut constater le renouvellement de la fosse à chaque succession de groupe, et voir qui est venu pour quel(s) élément(s) de la sainte trinité de ce soir. Dès l’arrivée des musiciens sur scène, je me rends compte que je n’avais aucune idée de ce à quoi ils ressemblaient, ou plutôt que j’étais restée sur une image mentale du groupe il y a bien une quinzaine d’années. L’arrivée du guitariste, du bassiste, du batteur et du chanteur se fait dans la sobriété, sans mise en scène particulière, pas plus qu’ils n’ont de tenue spéciale pour le concert ; ici pas de décorum, seulement de la musique. Malheureusement pour moi, je ne suis pas très réceptive à ce que le groupe dégage : je trouve le chanteur et les musiciens assez statiques, peu dans l’échange avec le public, la voix du chanteur est trop monocorde pour moi, et le rythme martelé en boucle et beaucoup trop fort par la batterie finit par avoir raison de mes oreilles… J’apprécie les chansons de Treponem Pal sur album, mais là, sur scène, je crois que je suis un peu victime du contraste entre le groupe précédent, aux titres pleins de nuances et de peps, et ceux des figures tutélaires de l’indus un peu trop massifs et répétitifs en comparaison. Après quelques titres je m’éloigne de la scène et pars faire un tour à la buvette – faisons vivre la MJC ! – et aux stands de merch’.
Tout le monde est fin prêt pour accueillir et acclamer la tête d’affiche de ce soir, les « ombres » de Shaârghot, groupe d’électro metal indus à l’univers torturé, post-apocalyptique et déjanté. La mise en place pour leur concert est un peu longue, puisqu’ils ont besoin de lancer une vidéo projetée sur le fond de scène – ce qui nous donne droit pour débuter à une petite vue sur un fond d’écran montagnard bien apaisant du plus bel effet. J’aurais adoré voir deux trois vidéos d’Etienne, Bruno et Clem au ski, mais que nenni. La vidéo qui accompagnera tout leur concert – avec le curseur pointé sur la barre de temps en bas tout le long nondidjou – démarre. Les quatre membres de Shaârghot débarquent dans leurs costumes et maquillages bien reconnaissables, faisant d’eux des personnages à part entière : totalement peints en noir, vêtus de noir avec des accessoires bricolés par leurs soins, tout comme leurs décor, leurs pieds de micros façon steampunk… Ce bal des ombres instaure immédiatement une ambiance carnavalesque et gentiment malsaine, mais c’est un calvaire à photographier ! Entre le maquillage noir, les tenues noires, la pénombre, et le fond lumineux en mouvement, c’est un défi ! Je suis contente de voir enfin le groupe sur scène, après plusieurs rendez-vous manqués, et l’énergie est bien présente : Etienne remue dans tous les sens, gesticule, parcourt la scène, grimpe sur les piliers à droite et à gauche, brandit des accessoires, partira slammer dans le public… Clem et Bruno sont plus sobres dans leur gestuelle, mais leurs mimiques débonnaires et leurs interactions avec le public sont également plaisantes. Je ne peux absolument pas parler du batteur car ma taille modeste, noyée dans la foule, ne m’a pas permis de l’apercevoir.
Notons aussi la présence de plusieurs personnages non musiciens, une sorte de bouffon, et une créature steampunk avec un masque de pestiféré et des faux à la place des bras… Je ne suis pas assez au fait de la mythologie shaârghotienne pour analyser plus allant ces personnages, mais il est certain qu’ils contribuent à l’animation du show. À plusieurs moments des effets pyrotechniques ont mis un peu de lumière dans cette obscurité teintée de monochrome bleu, rouge ou vert vif, et le chanteur a réclamé à plusieurs reprises des walls of death et circle pits. Ceci dit, il y avait quelque chose de curieux pour moi dans le déroulement du concert : par exemple le fait que ces demandes ne paraissaient pas tellement spontanées, mais plutôt un peu précipitées, et calibrées à tel ou tel moment précis de la vidéo. La diffusion d’une vidéo d’un seul tenant sur laquelle le groupe devait se caler en permanence a créé un décalage pour moi entre l’univers évocateur de rébellion, de sauvagerie et d’impétuosité du groupe, et la rigueur technique de cette trame chronométrée qui m’a paru faire obstacle à une dynamique plus improvisée du live. Par moments le groupe a même semblé un peu devoir se dépêcher pour ne pas se retrouver en retard par rapport à ce support visuel. Ce qui ne m’a pas empêchée néanmoins de chanter et danser sur « KMB », « Break your Body », « Bang Bang » ou de scander « We are the Shadows » en chœur avec la foule.
Merci au Réacteur et à l’Espace Icare, qui font décidément la part belle au metal indus, pour cette nouvelle soirée réussie.
Je me fraie un chemin tant bien que mal dans la salle comble – le concert affiche complet ce soir – et prends le concert de Freak Injection en cours de route. Je suis un peu déçue d’avoir loupé deux ou trois morceaux, car même si c’est la quatrième fois que je les vois, je ne m’ennuie jamais une seconde pendant leurs shows, tant ils sont divertissants, chorégraphiés et s’enchaînent avec fluidité. Je retrouve tout de suite leur ambiance caractéristique, entre les lumières roses et violettes, les petits sauts de Kévin le bassiste (en t-shirt en résille et jupe en vinyle ce soir et non plus en kigurumi de requin ou de loup), la gestuelle proche du mime de Fernand le guitariste en veste façon fausse fourrure, et bien sûr la voix puissante et aiguë de Charlie la chanteuse, fille spirituelle de Nina Hagen et d’un Pégase arc-en-ciel. L’ancien batteur a cédé la place à un nouveau venu, Hector, et pour la troisième fois consécutive les Freaks sont accompagnés d’une danseuse, changeant de tenue quasiment à chaque chanson, toutes plus excentriques et dévêtues les unes que les autres. Comment résumer le phénomène Freak Injection ? Imaginez un mélange d’électro rock bien punchy, aux mélodies entraînantes et aux refrains entêtants, mené par des musiciens et une chanteuse branchés sur le secteur, saupoudrez le tout d’une esthétique à la fois kawaii et fétichiste, mêlant avec brio têtes de mort et paillettes, peluches et croix de Saint-André… C’est à la fois une tornade sonore et visuelle, un groupe à l’univers bien marqué qui peut susciter l’adhésion ou le rejet mais qui ne laisse pas indifférent. Pour ma part j’ai choisi mon camp depuis la première fois que j’ai vu le groupe, et depuis j’ai pu voir le show évoluer et vraisemblablement commencer à se stabiliser sous une forme plus ou moins fixe : depuis le dernier concert de Freak Injection au Bus Palladium fin août, les chorégraphies, tenues, enchaînements de chansons, mises en scène, accessoires et personnages ont peu évolué. Après le tournage de plusieurs clips et à l’approche de la sortie de leur premier album, le spectacle semble être désormais rôdé. Leurs tubes se succèdent sans temps mort, parmi lesquels l’on retrouve « Psycho », « Sex me », « Daddy is the Devil », ou encore en final tant attendu, la fameuse reprise de la chanson de la queen Britney, « Toxic ». C’est toujours sur les rotules que nous laisse le quatuor (ou sextet si l’on compte Orianne la danseuse et Régis le manager-à-tout-faire qui joue le jeu des costumes pour endosser divers personnages au cours du show), et pour ma part avec un moral à bloc, tant ils envoient au public une énergie positive et un dynamisme qui leur sont propres.
Autre groupe et changement radical d’ambiance, après une petite pause, avec Treponem Pal. Les pionniers du metal industriel français, originaires d’Ile-de-France, sont actifs depuis plus de 30 ans, et suivis par un public fidèle ; d’ailleurs l’on peut constater le renouvellement de la fosse à chaque succession de groupe, et voir qui est venu pour quel(s) élément(s) de la sainte trinité de ce soir. Dès l’arrivée des musiciens sur scène, je me rends compte que je n’avais aucune idée de ce à quoi ils ressemblaient, ou plutôt que j’étais restée sur une image mentale du groupe il y a bien une quinzaine d’années. L’arrivée du guitariste, du bassiste, du batteur et du chanteur se fait dans la sobriété, sans mise en scène particulière, pas plus qu’ils n’ont de tenue spéciale pour le concert ; ici pas de décorum, seulement de la musique. Malheureusement pour moi, je ne suis pas très réceptive à ce que le groupe dégage : je trouve le chanteur et les musiciens assez statiques, peu dans l’échange avec le public, la voix du chanteur est trop monocorde pour moi, et le rythme martelé en boucle et beaucoup trop fort par la batterie finit par avoir raison de mes oreilles… J’apprécie les chansons de Treponem Pal sur album, mais là, sur scène, je crois que je suis un peu victime du contraste entre le groupe précédent, aux titres pleins de nuances et de peps, et ceux des figures tutélaires de l’indus un peu trop massifs et répétitifs en comparaison. Après quelques titres je m’éloigne de la scène et pars faire un tour à la buvette – faisons vivre la MJC ! – et aux stands de merch’.
Tout le monde est fin prêt pour accueillir et acclamer la tête d’affiche de ce soir, les « ombres » de Shaârghot, groupe d’électro metal indus à l’univers torturé, post-apocalyptique et déjanté. La mise en place pour leur concert est un peu longue, puisqu’ils ont besoin de lancer une vidéo projetée sur le fond de scène – ce qui nous donne droit pour débuter à une petite vue sur un fond d’écran montagnard bien apaisant du plus bel effet. J’aurais adoré voir deux trois vidéos d’Etienne, Bruno et Clem au ski, mais que nenni. La vidéo qui accompagnera tout leur concert – avec le curseur pointé sur la barre de temps en bas tout le long nondidjou – démarre. Les quatre membres de Shaârghot débarquent dans leurs costumes et maquillages bien reconnaissables, faisant d’eux des personnages à part entière : totalement peints en noir, vêtus de noir avec des accessoires bricolés par leurs soins, tout comme leurs décor, leurs pieds de micros façon steampunk… Ce bal des ombres instaure immédiatement une ambiance carnavalesque et gentiment malsaine, mais c’est un calvaire à photographier ! Entre le maquillage noir, les tenues noires, la pénombre, et le fond lumineux en mouvement, c’est un défi ! Je suis contente de voir enfin le groupe sur scène, après plusieurs rendez-vous manqués, et l’énergie est bien présente : Etienne remue dans tous les sens, gesticule, parcourt la scène, grimpe sur les piliers à droite et à gauche, brandit des accessoires, partira slammer dans le public… Clem et Bruno sont plus sobres dans leur gestuelle, mais leurs mimiques débonnaires et leurs interactions avec le public sont également plaisantes. Je ne peux absolument pas parler du batteur car ma taille modeste, noyée dans la foule, ne m’a pas permis de l’apercevoir.
Notons aussi la présence de plusieurs personnages non musiciens, une sorte de bouffon, et une créature steampunk avec un masque de pestiféré et des faux à la place des bras… Je ne suis pas assez au fait de la mythologie shaârghotienne pour analyser plus allant ces personnages, mais il est certain qu’ils contribuent à l’animation du show. À plusieurs moments des effets pyrotechniques ont mis un peu de lumière dans cette obscurité teintée de monochrome bleu, rouge ou vert vif, et le chanteur a réclamé à plusieurs reprises des walls of death et circle pits. Ceci dit, il y avait quelque chose de curieux pour moi dans le déroulement du concert : par exemple le fait que ces demandes ne paraissaient pas tellement spontanées, mais plutôt un peu précipitées, et calibrées à tel ou tel moment précis de la vidéo. La diffusion d’une vidéo d’un seul tenant sur laquelle le groupe devait se caler en permanence a créé un décalage pour moi entre l’univers évocateur de rébellion, de sauvagerie et d’impétuosité du groupe, et la rigueur technique de cette trame chronométrée qui m’a paru faire obstacle à une dynamique plus improvisée du live. Par moments le groupe a même semblé un peu devoir se dépêcher pour ne pas se retrouver en retard par rapport à ce support visuel. Ce qui ne m’a pas empêchée néanmoins de chanter et danser sur « KMB », « Break your Body », « Bang Bang » ou de scander « We are the Shadows » en chœur avec la foule.
Merci au Réacteur et à l’Espace Icare, qui font décidément la part belle au metal indus, pour cette nouvelle soirée réussie.
Critique : Elise Diederich
Date : 30/11/2019
Date : 30/11/2019
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