Chronique

NEW KEEPERS OF THE WATER TOWERS - INFERNAL MACHINE / Listenable records 2016

Avant toute chose, servez-vous un Lemmy : 2 volumes de Jack Daniel's pour 10 volumes de coca, assaisonnez avec une liqueur type Jägermeister. Affalez-vous ensuite confortablement où cela vous sied le mieux. Enfin, consommez avec modération, ne prenez pas le volant, soyez adulte, responsable mais gardez bien l'esprit ouvert !

Pourquoi toute cette mise en scène ? Et bien parce que ces suédois produisent une musique hors normes qui reste parmi mes meilleures découvertes depuis que j'ai rejoins les rangs du webzine en 2012. Leur approche progressive et psychédélique se situe situe au-delà des frontières classiques du rock et du metal, et génère le genre d'atmosphère bien connue des adeptes de la Valley au Hellfest. Elle donne cette lenteur lancinante et pesante, cette hypnose induit par la répétition et la dissonnance, parfois même un vertige grâce à une production très soignée et enfin, des râles vocaux shamaniques qui vous décroche de la réalité. Entre et au-délà du Stoner Psychédélique et du Doom progressif, il y a les nouveaux gardiens des châteaux d'eau.

Musique cinématographique
Moins conservateur que leur nom l'indique, le quintet fait de Infernal Machine une véritable rupture avec son prédécesseur The Cosmic Child de par sa froideur absolue. Au passage, pourquoi pas "THE" Infernal Machine ? à méditer. Bref, Des bips d'alertes démarrent l'album, auxquels succède un effet de distorsion sonore familier mais indescriptible, enfin le thème principal : un coup de batterie, un accord troublant et un arpège lent et métallique. Un décor simpliste mais qui se travaillera de plusieurs façon au grès du titre The forever war. La cerise sur le gâteau, une voix digitalisé qui vous transpose vers une autre une autre dimension. L'ensemble vous donnera la chair de poule.

Peu à peu, au fil des nuances, les images viennent. Car l'atmosphère est familière, car en 11 minutes, vous avez le temps de la réflexion. Elles sont là : Stanley Kubrick, David Lynch, Georges Miller et même Quentin Tarantino. Tout ces artistes du cinéma qui balancent dans leur film des musiques à torturer l'âme sont autant de références qui frappent à chaque coup de gong. Ces images qui défilent tisseront le lien avec la composition, un connexion qui ne manquera pas faire penser à des univers comme Pink Floyd ou du Mastodon. De l'imagination, et de la créativité dans la plus pâle lenteur que peu offrir la musique.

Le sens derrière le stress
Malgré la lenteur, la première lecture ne laissera que peu de répit à l'auditeur car il règne ici une atmosphère de menace permanente, matérialisée par les déchirures et les dissonances. Ceci dit, les quelques titres comme Misantropin Kallar, permettront à l'auditeur de relier le nom des morceaux avec ce qu'il trouvera sur Google. Car il y a certainement un sens caché à trouver, ou du moins une référence comme sur Tracks over Carcosa, qui évoque rien qu'à sa musique, une course poursuite dans une ville imaginaire d'une époque qui n'est plus la notre.
Ce sont surtout des images d'horreur qui reviendront régulièrement, la guerre avec sa sirène de premier mercredi du mois, ou encore Aliens et Gozilla qui s'inviètent au travers des déformations sonores travaillées avec soin. Et pourtant, pour une oreille non-avertie, aucune agressivité au sens premier du cliché du métal n'est perceptible...


Conclusion : New Keepers Of The Water Towers nous ramène à une notion souvent oubliée : la musique, c'est de l'art, et l'art mérite contemplation, interprétation. Les suédois ont peint une nouvelle œuvre, radicalement différente et qui ne saurait être noté par autre chose que les sensations qu'elle va vous procurer. Amateurs de musique progressive et atmosphérique seront comblés, je n'en doute absolument pas. Pour moi ça sera un 9. -1 parce qu'il fait drôlement froid, quelqu'un a une doudoune ?


Tracklisting :
1.The forever war
2.Tracks over Carcosa
3.Tachyon deep
4.Misantropin kallar
5.Escape aleph minor
6.Jorden
7.This infernal machine

 
Critique : Weska
Note : 9/10
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