Chronique

CULT OF LUNA - A DAWN TO FEAR / Metal blade records 2019

Avec la moitié des titres qui dépassent les dix minutes, ce huitième album des suédois n'y va pas avec le dos de la cuillère. Au fond de la mine du post-hardcore que beaucoup pensent épuisée, ils peaufinent leur style toujours plus atmosphérique et progressif. Presque du post-rock si on exclut le scream torturé du frontman. Rien de nouveau dans le genre, certes, mais quand c'est bien fait, n'est-il pas bon de simplement se délecter de ces ambiances ?

Car oui, si la nouveauté n'est pas ce qui étouffe Cult of Luna, le groupe compense par ses compositions extraordinairement immersives. Captant l'attention avec une entrée en matière dynamique sur le premier titre et clip The Silent Man, A dawn to fear s'enfonce dans un tempo bien plus lent et happe l'auditeur.

Les choix techniques y sont pour beaucoup. Les suédois ont privilégié un son chaud, très organique, jusqu'à laisser échapper le son de la main qui se déplace sur le manche de la basse. Le clavier tient une place prépondérante et porte de nombreuses mélodies. Avec une rare justesse, il gère tous les effets de l'album, plaçant intelligemment dès The Silent Man l'orgue au coeur d'un final épique, tout en se réservant de nombreuses occasions pour surprendre avec sonorités bien plus étranges et modernes.

S'il fallait parler de talent de composition, il faudrait évoquer Nightwalkers, incroyable de bout en bout. Il révèle la batterie et le dialogue entre les deux guitares, tantôt dissonantes, tantôt en opposition, chacune jouant sa propre mélodie. Le scream se place alors comme cinquième élément pour donner à cette fresque se nature bestiale et chaotique.

Et puis, il y a la pause dans la pause. L'instrospection est suspendue par le titre éponyme A dawn to fear, et de façon encore plus nette par We feel the end. Deux titres à la signature très différente qui vont donner du relief à cet album, amenant d'un côté une transe chamanique, et de l'autre un profond sentiment de tristesse.

Le plaisir à écouter une telle musique nait de la découverte à chaque nouvelle écoute de ces textures insérées avec minutie, et qui deviennent indispensables à l'écoute suivante. La production est ouffissime, mais il faut surtout mettre donner du crédit au sens du détail dans le travail des textures et des effets. Je n'ai aucune honte à avouer m'être endormi à plusieurs reprises tant A dawn to fear permet de totalement déconnecter de la réalité.

Tracklist
1. The Silent Man
2. Lay Your Head to Rest
3. A Dawn to Fear
4. Nightwalkers
5. Lights on the Hill
6. We Feel the End
7. Inland Rain
8. The Fall

Seule date française pour 2019 :
Nov. 30 – Le Trianon – Paris, France
 
Critique : Weska
Note : 9/10
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