Interview
Livre LE MÉTAL FOLKLORIQUE: ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ (2013) - Nadège Bénard-Goutouly (Auteur)
Quoi de mieux que d'avoir un entretien avec l'auteur d'un livre des plus intéressants, basé sur le métal folklorique.
Voilà donc quelques questions qui aideront à comprendre certains points, parmi un grand nombre, évoqués dans l'ouvrage.
Tu as travaillé pour la revue Hard Rock Mag pendant quelques années, puis tu as arrêté, et te voilà maintenant revenant avec ce livre sur le métal folklorique. Peux-tu présenter ton parcours, et aussi nous dire pourquoi tu as tenu à faire ce livre ?
J’ai effectivement fait partie de la rédaction de Hard Rock Magazine entre 2000 et 2004, à l’issue de mes études. C’est ainsi que j’ai appris les bases du métier de journaliste. Avec le temps, j’ai commencé à me lasser d’un travail assez superficiel et répétitif. J’ai alors profité de la mise sous redressement judiciaire de l’éditeur du magazine pour partir. Au bout de quelques mois, c’est dans la presse financière que je suis entrée, un domaine plus en lien avec mon cursus. J’ai naturellement continué à écouter du métal, comme je le fais depuis l’âge de 12 ans (j’en ai 34). J’ai longtemps ressenti l’envie et le besoin d’écrire sur cette passion, de manière rigoureuse et constructive, mais c’est au moment où j’ai commencé à réfléchir au métal folklorique en tant que phénomène culturel associant les dimensions de modernité et tradition que j’ai su que j’avais trouvé le bon sujet. Les conditions d’émergence du style, son essaimage à travers les continents, la diversité des courants qui le composent et des messages qu’il porte me semblaient mériter une tentative d’analyse.
Tu expliques que le métal folklorique vient principalement des pays nordiques, et qu’au cours des années, il s’est généralisé au niveau international. Ne crois-tu pas que cette inspiration est due à ce patriotisme omniprésent dans ces pays et à la fierté qu’ils ont de leurs origines ; patriotisme peu présent ou prôné dans notre pays par exemple ?!
Les pays nordiques partagent un intérêt fort pour leur histoire et leur héritage culturel, y compris en dehors de la sphère métal. Le fort sentiment d’appartenance nationale commun à ces pays, qui s’explique en partie par une christianisation tardive, s’exprime naturellement dans le phénomène métal comme dans d’autres domaines culturels. En faisant appel aux mythes constitutifs de leur passé et de leur identité nationale, les groupes de métal folklorique cherchent à la fois à échapper à une société moderne qu’ils jugent imparfaite (individualisme exacerbé, capitalisme dominant…) et à promouvoir leurs traditions culturelles. La globalisation (des idées, de la culture, de la religion), la construction européenne sont autant de processus pouvant présenter, selon les formations de folk metal, un risque de dissolution des spécificités culturelles. C’est donc une nostalgie ancienne ravivée par l’évolution du monde contemporain qui pousse les groupes de métal folklorique nordiques à promouvoir leurs traditions culturelles.
Tu dis aussi que l’écoute de ce genre musical / la création de ce genre serait pour fuir l’isolement, et aussi la réalité de notre société qualifiée de violente ? Crois-tu vraiment que les Vikings (pour prendre un exemple) étaient plus pacifiques que nous ?
La construction d’un imaginaire basé sur les mythes du passé et de la nation permet en effet aux groupes de folk metal d’exprimer une critique de la société moderne et de lui opposer un modèle plus conforme à leurs valeurs. Le fait d’en appeler aux mythes plus qu’à l’histoire « véridique » indique la volonté de transmettre un héritage culturel. De plus, ce processus s’inscrit dans une tradition romantique d’enjolivement du passé. Les artistes folk ou pagan metal qui s’inspirent de la période viking s’intéressent ainsi davantage à l’imaginaire qui entoure ce personnage mythique – un homme fort, courageux et droit – qu’à la réalité historique – le viking était avant tout un commerçant cherchant à s’enrichir, dans la mesure où ces clichés servent leur propos. Le discours des artistes folk metal peut donc, il est vrai, paraître parfois naïf. Le but de mon essai est de comprendre les motivations et les opinions qui se cachent derrière ces formes d’expression.
Tu évoques aussi le fait que le métal aborde des sujets graves, ce qui est vrai, comparé à la pop qui évoque les déceptions amoureuses, les pertes d’êtres chers, etc. Pourquoi cette ligne directrice à ton avis ?
Je crois que les groupes de métal peuvent à l’occasion, eux aussi, aborder des sujets personnels tels que les déceptions amoureuses ! La perte d’êtres aimés - en d’autre mots, la mort - ainsi que la guerre ou encore la haine sont cependant des thèmes plus fréquemment abordés, aux côtés de l’histoire, de l’ésotérisme, etc. C’est un constat pour lequel je n’ai pas véritablement d’explication. Peut-être puis-je avancer l’idée qu’en tant que courant musical « marginal », le métal peut plus facilement aborder des sujets profonds voire difficiles. Il peut aussi s’agir d’associer à une musique agressive un discours sombre afin de créer un ensemble cohérent.
Il est dit que le folk metal est une « rébellion contre le capitalisme ». Le but de tout groupe est de vivre de sa musique avec la vente de disques, les concerts et les produits dérivés. C’est donc vivre et accepter ce système qu’ils critiquent, ce qui est assez paradoxal quand même !
Tout d’abord, je ne suis pas sûre que le but de tout groupe soit de vivre de sa musique. Je dirais qu’il s’agit plus d’un fantasme que d’un objectif. C’est avant tout le besoin de créer qui anime les artistes métal. De plus, nombre de groupes trouvent des voies différentes du réseau de maisons de disques pour diffuser leur musique, aidés par le développement d’Internet. Si le mouvement folk metal peut être vu comme une forme de rébellion contre le capitalisme, ce n’est pas à proprement parler contre le système lui-même mais contre ses abus, ses dérives. De même, si les artistes du métal folklorique rejettent les travers de la société moderne, ils ne rejettent pas la modernité dans son ensemble, mais profitent de ses bienfaits : le progrès technologique en général (pour la création et l’interprétation de la musique), le développement des NTIC (pour la diffusion de la musique) et plus généralement, comme toute la population, des progrès scientifiques (médecine) et sociaux.
Tu évoques aussi rapidement l’heroïc fantasy dans le livre. Ne crois-tu pas que ça pourrait aussi être une sorte de folk metal du fait que les thèmes abordés restent basés sur des mythes et légendes ?
L’héroic fantasy est un style littéraire aux imaginaires riches et variés. Dans le sens où celui-ci véhicule lui aussi les valeurs chères aux folk métalleux (courage, honnêteté, sens de la communauté) dans des univers mêlant un passé souvent d’inspiration médiévale et un progrès technologique parfois avancé (armes, transports), je crois que l’on peut effectivement identifier un pont entre les ces deux courants culturels. Mais ils appartiennent à deux modes d’expression différents.
Tu cites quelques groupes connus, d’autres moins connus (voire pas du tout), mais tu ne cites pas certains qui ont quand même une certaine renommée dans le milieu, et ce depuis des années maintenant. Je parle de groupes comme Blackmore’s Night très orienté période médiévale, ou encore Thy Majestie qui compose des albums conceptuels avec par exemple « Hastings 1066 » ou encore « Jeanne D’arc ».
Le site Metal Archives répertorie à l’heure actuelle près de 2.000 groupes de folk et de pagan metal, il m’aurait été difficile de tous les citer ! Blackmore’s Night n’appartient pas à mon champ d’études dans la mesure où il ne s’agit pas d’un groupe de métal. Quant à Thy Majestie, groupe de power metal, il publie occasionnellement des albums conceptuels sur un personnage ou une période de l’histoire, comme de nombreux autres groupes passionnés d’histoire. J’aurais pu le citer ainsi que je l’ai fait pour Grave Digger, mais je le répète, je n’ai pas cherché à tendre vers l’exhaustivité.
Au cours de la lecture, ton analyse montre que le folk / pagan / viking metal aborde les thèmes de la religion. Qu’en serait-il alors de groupes comme Stryper, rangés comme Christian Metal. Cela fait aussi partie des traditions et des origines, bien que cela puisse paraître un peu plus extrême sur certaines thématiques.
D’une part les divinités préchrétiennes constituent un sujet important d’inspiration pour les artistes folk/pagan/viking metal, d’autre part, le folk metal, puisque tourné sur le passé essentiellement préchrétien et ses traditions, a un lien direct avec la thématique religieuse. Les artistes folk metal au sens large traitent du sujet religieux comme ils le font du passé et de la nation : par le recours à des références mythologiques (divinités, textes). L’évocation du panthéon nordique est chose courante dans ces courants musicaux, dans le but de mettre en avant la religion originelle des populations nordiques, comme leurs traditions culturelles en général. En second lieu, cette démarche leur permet d’exprimer leur vision critique des religions monothéistes qui n’offrent pas, selon eux, les mêmes conditions d’équilibre et de liberté que les anciennes croyances, plus proches des hommes et de la nature. Quant à Stryper, qui ressemble plus à un produit marketing qu’à un groupe aux convictions marquées, je ne crois pas qu’il ait possédé une réelle portée spirituelle ni un regard nouveau sur la société.
Tout au long de l’analyse, tu cites énormément la revue Metallian. Pourquoi ? Les revues comme Hard Rock Mag ou Rock Hard sont aussi assez complètes, et même plus régulières niveau sorties / éditions.
Le fait que je cite davantage Metallian que les autres magazines n’est pas intentionnel, mais résulte simplement de mes lectures. Depuis le milieu des années 2000, Metallian consacre régulièrement un plus grand nombre de ses pages à des interviews de groupes de folk/pagan metal ainsi qu’à des chroniques d’albums du style. En outre, ses collaborateurs abordent souvent dans leurs questions les thématiques que j’étudie dans mon ouvrage : histoire, religion, regard sur la société moderne. Il reste que Hard Rock et Rock Hard peuvent eux aussi présenter un contenu digne d’intérêt en la matière, c’est pourquoi je les ai également utilisés comme sources et donc cités.
Petite question, hors cadre de l’album. Si tu devais faire un livre sur un groupe, comme Nicolas Bénard l’a fait sur Opeth, quel groupe choisirais-tu et pourquoi ?
Je choisirais probablement Orphaned Land, de par la richesse de ses inspirations musicales et lyriques. C’est d’ailleurs le groupe qui est à l’origine de mes réflexions sur le métal folklorique. Le folk metal oriental présente la particularité d’être construit selon un processus inverse à celui du folk metal nordique. En effet, le folk metal nordique ajoute à une forme de musique moderne, le métal, des inspirations lyriques voire musicales issues de traditions anciennes disparues (dans le quotidien, pas dans le cœur comme vu plus haut). Le folk metal oriental « importe » quant à lui une forme moderne et occidentale de musique, le métal, qu’il greffe sur des traditions lyriques et musicales anciennes mais toujours très présentes. Bref, une étude plus approfondie de la production d’Orphaned Land serait certainement passionnante, mais mes recherches ne s’orientent pas du tout dans cette direction. Pour l’instant !
On arrive à la fin de l’interview. Je te laisse conclure.
Merci de votre intérêt et bonne lecture à tous ceux qui se laisseront tenter !
Voilà donc quelques questions qui aideront à comprendre certains points, parmi un grand nombre, évoqués dans l'ouvrage.
Tu as travaillé pour la revue Hard Rock Mag pendant quelques années, puis tu as arrêté, et te voilà maintenant revenant avec ce livre sur le métal folklorique. Peux-tu présenter ton parcours, et aussi nous dire pourquoi tu as tenu à faire ce livre ?
J’ai effectivement fait partie de la rédaction de Hard Rock Magazine entre 2000 et 2004, à l’issue de mes études. C’est ainsi que j’ai appris les bases du métier de journaliste. Avec le temps, j’ai commencé à me lasser d’un travail assez superficiel et répétitif. J’ai alors profité de la mise sous redressement judiciaire de l’éditeur du magazine pour partir. Au bout de quelques mois, c’est dans la presse financière que je suis entrée, un domaine plus en lien avec mon cursus. J’ai naturellement continué à écouter du métal, comme je le fais depuis l’âge de 12 ans (j’en ai 34). J’ai longtemps ressenti l’envie et le besoin d’écrire sur cette passion, de manière rigoureuse et constructive, mais c’est au moment où j’ai commencé à réfléchir au métal folklorique en tant que phénomène culturel associant les dimensions de modernité et tradition que j’ai su que j’avais trouvé le bon sujet. Les conditions d’émergence du style, son essaimage à travers les continents, la diversité des courants qui le composent et des messages qu’il porte me semblaient mériter une tentative d’analyse.
Tu expliques que le métal folklorique vient principalement des pays nordiques, et qu’au cours des années, il s’est généralisé au niveau international. Ne crois-tu pas que cette inspiration est due à ce patriotisme omniprésent dans ces pays et à la fierté qu’ils ont de leurs origines ; patriotisme peu présent ou prôné dans notre pays par exemple ?!
Les pays nordiques partagent un intérêt fort pour leur histoire et leur héritage culturel, y compris en dehors de la sphère métal. Le fort sentiment d’appartenance nationale commun à ces pays, qui s’explique en partie par une christianisation tardive, s’exprime naturellement dans le phénomène métal comme dans d’autres domaines culturels. En faisant appel aux mythes constitutifs de leur passé et de leur identité nationale, les groupes de métal folklorique cherchent à la fois à échapper à une société moderne qu’ils jugent imparfaite (individualisme exacerbé, capitalisme dominant…) et à promouvoir leurs traditions culturelles. La globalisation (des idées, de la culture, de la religion), la construction européenne sont autant de processus pouvant présenter, selon les formations de folk metal, un risque de dissolution des spécificités culturelles. C’est donc une nostalgie ancienne ravivée par l’évolution du monde contemporain qui pousse les groupes de métal folklorique nordiques à promouvoir leurs traditions culturelles.
Tu dis aussi que l’écoute de ce genre musical / la création de ce genre serait pour fuir l’isolement, et aussi la réalité de notre société qualifiée de violente ? Crois-tu vraiment que les Vikings (pour prendre un exemple) étaient plus pacifiques que nous ?
La construction d’un imaginaire basé sur les mythes du passé et de la nation permet en effet aux groupes de folk metal d’exprimer une critique de la société moderne et de lui opposer un modèle plus conforme à leurs valeurs. Le fait d’en appeler aux mythes plus qu’à l’histoire « véridique » indique la volonté de transmettre un héritage culturel. De plus, ce processus s’inscrit dans une tradition romantique d’enjolivement du passé. Les artistes folk ou pagan metal qui s’inspirent de la période viking s’intéressent ainsi davantage à l’imaginaire qui entoure ce personnage mythique – un homme fort, courageux et droit – qu’à la réalité historique – le viking était avant tout un commerçant cherchant à s’enrichir, dans la mesure où ces clichés servent leur propos. Le discours des artistes folk metal peut donc, il est vrai, paraître parfois naïf. Le but de mon essai est de comprendre les motivations et les opinions qui se cachent derrière ces formes d’expression.
Tu évoques aussi le fait que le métal aborde des sujets graves, ce qui est vrai, comparé à la pop qui évoque les déceptions amoureuses, les pertes d’êtres chers, etc. Pourquoi cette ligne directrice à ton avis ?
Je crois que les groupes de métal peuvent à l’occasion, eux aussi, aborder des sujets personnels tels que les déceptions amoureuses ! La perte d’êtres aimés - en d’autre mots, la mort - ainsi que la guerre ou encore la haine sont cependant des thèmes plus fréquemment abordés, aux côtés de l’histoire, de l’ésotérisme, etc. C’est un constat pour lequel je n’ai pas véritablement d’explication. Peut-être puis-je avancer l’idée qu’en tant que courant musical « marginal », le métal peut plus facilement aborder des sujets profonds voire difficiles. Il peut aussi s’agir d’associer à une musique agressive un discours sombre afin de créer un ensemble cohérent.
Il est dit que le folk metal est une « rébellion contre le capitalisme ». Le but de tout groupe est de vivre de sa musique avec la vente de disques, les concerts et les produits dérivés. C’est donc vivre et accepter ce système qu’ils critiquent, ce qui est assez paradoxal quand même !
Tout d’abord, je ne suis pas sûre que le but de tout groupe soit de vivre de sa musique. Je dirais qu’il s’agit plus d’un fantasme que d’un objectif. C’est avant tout le besoin de créer qui anime les artistes métal. De plus, nombre de groupes trouvent des voies différentes du réseau de maisons de disques pour diffuser leur musique, aidés par le développement d’Internet. Si le mouvement folk metal peut être vu comme une forme de rébellion contre le capitalisme, ce n’est pas à proprement parler contre le système lui-même mais contre ses abus, ses dérives. De même, si les artistes du métal folklorique rejettent les travers de la société moderne, ils ne rejettent pas la modernité dans son ensemble, mais profitent de ses bienfaits : le progrès technologique en général (pour la création et l’interprétation de la musique), le développement des NTIC (pour la diffusion de la musique) et plus généralement, comme toute la population, des progrès scientifiques (médecine) et sociaux.
Tu évoques aussi rapidement l’heroïc fantasy dans le livre. Ne crois-tu pas que ça pourrait aussi être une sorte de folk metal du fait que les thèmes abordés restent basés sur des mythes et légendes ?
L’héroic fantasy est un style littéraire aux imaginaires riches et variés. Dans le sens où celui-ci véhicule lui aussi les valeurs chères aux folk métalleux (courage, honnêteté, sens de la communauté) dans des univers mêlant un passé souvent d’inspiration médiévale et un progrès technologique parfois avancé (armes, transports), je crois que l’on peut effectivement identifier un pont entre les ces deux courants culturels. Mais ils appartiennent à deux modes d’expression différents.
Tu cites quelques groupes connus, d’autres moins connus (voire pas du tout), mais tu ne cites pas certains qui ont quand même une certaine renommée dans le milieu, et ce depuis des années maintenant. Je parle de groupes comme Blackmore’s Night très orienté période médiévale, ou encore Thy Majestie qui compose des albums conceptuels avec par exemple « Hastings 1066 » ou encore « Jeanne D’arc ».
Le site Metal Archives répertorie à l’heure actuelle près de 2.000 groupes de folk et de pagan metal, il m’aurait été difficile de tous les citer ! Blackmore’s Night n’appartient pas à mon champ d’études dans la mesure où il ne s’agit pas d’un groupe de métal. Quant à Thy Majestie, groupe de power metal, il publie occasionnellement des albums conceptuels sur un personnage ou une période de l’histoire, comme de nombreux autres groupes passionnés d’histoire. J’aurais pu le citer ainsi que je l’ai fait pour Grave Digger, mais je le répète, je n’ai pas cherché à tendre vers l’exhaustivité.
Au cours de la lecture, ton analyse montre que le folk / pagan / viking metal aborde les thèmes de la religion. Qu’en serait-il alors de groupes comme Stryper, rangés comme Christian Metal. Cela fait aussi partie des traditions et des origines, bien que cela puisse paraître un peu plus extrême sur certaines thématiques.
D’une part les divinités préchrétiennes constituent un sujet important d’inspiration pour les artistes folk/pagan/viking metal, d’autre part, le folk metal, puisque tourné sur le passé essentiellement préchrétien et ses traditions, a un lien direct avec la thématique religieuse. Les artistes folk metal au sens large traitent du sujet religieux comme ils le font du passé et de la nation : par le recours à des références mythologiques (divinités, textes). L’évocation du panthéon nordique est chose courante dans ces courants musicaux, dans le but de mettre en avant la religion originelle des populations nordiques, comme leurs traditions culturelles en général. En second lieu, cette démarche leur permet d’exprimer leur vision critique des religions monothéistes qui n’offrent pas, selon eux, les mêmes conditions d’équilibre et de liberté que les anciennes croyances, plus proches des hommes et de la nature. Quant à Stryper, qui ressemble plus à un produit marketing qu’à un groupe aux convictions marquées, je ne crois pas qu’il ait possédé une réelle portée spirituelle ni un regard nouveau sur la société.
Tout au long de l’analyse, tu cites énormément la revue Metallian. Pourquoi ? Les revues comme Hard Rock Mag ou Rock Hard sont aussi assez complètes, et même plus régulières niveau sorties / éditions.
Le fait que je cite davantage Metallian que les autres magazines n’est pas intentionnel, mais résulte simplement de mes lectures. Depuis le milieu des années 2000, Metallian consacre régulièrement un plus grand nombre de ses pages à des interviews de groupes de folk/pagan metal ainsi qu’à des chroniques d’albums du style. En outre, ses collaborateurs abordent souvent dans leurs questions les thématiques que j’étudie dans mon ouvrage : histoire, religion, regard sur la société moderne. Il reste que Hard Rock et Rock Hard peuvent eux aussi présenter un contenu digne d’intérêt en la matière, c’est pourquoi je les ai également utilisés comme sources et donc cités.
Petite question, hors cadre de l’album. Si tu devais faire un livre sur un groupe, comme Nicolas Bénard l’a fait sur Opeth, quel groupe choisirais-tu et pourquoi ?
Je choisirais probablement Orphaned Land, de par la richesse de ses inspirations musicales et lyriques. C’est d’ailleurs le groupe qui est à l’origine de mes réflexions sur le métal folklorique. Le folk metal oriental présente la particularité d’être construit selon un processus inverse à celui du folk metal nordique. En effet, le folk metal nordique ajoute à une forme de musique moderne, le métal, des inspirations lyriques voire musicales issues de traditions anciennes disparues (dans le quotidien, pas dans le cœur comme vu plus haut). Le folk metal oriental « importe » quant à lui une forme moderne et occidentale de musique, le métal, qu’il greffe sur des traditions lyriques et musicales anciennes mais toujours très présentes. Bref, une étude plus approfondie de la production d’Orphaned Land serait certainement passionnante, mais mes recherches ne s’orientent pas du tout dans cette direction. Pour l’instant !
On arrive à la fin de l’interview. Je te laisse conclure.
Merci de votre intérêt et bonne lecture à tous ceux qui se laisseront tenter !
Critique : Lionel
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