Interview

ALAN PARSONS (2019) - Alan Parsons

Alan Parsons est une légende de la musique. Il l'a d'abord été en tant que producteur avant de le devenir en tant que musicien. Quinze ans après son dernier album studio, il nous revient avec un « The Secret » qui renoue avec la beauté mélodique du Alan Parsons Project. Discussion avec le musicien-producteur entre Paris et la Californie.

« Vous n'aviez plus sorti d'album depuis « A Valid Path » il y a quinze ans, vous consacrant à la production. Aviez-vous encore en tête de faire des disques ou pensiez-vous ne plus faire que de la production ? »

« J'ai toujours pensé à faire un nouvel album mais ce n'était pas le moment. Je suis fier de ce disque. Cela a pris quinze ans mais ce n'est pas un problème. Le disque fonctionne. »

«The Secret » est très différent de « A Valid Path ». Il est très pop et proche de ce que vous faisiez du temps du Alan Parsons Project. »

« A Valid Path » avait un côté expérimental. Il n'a pas marché commercialement. C'est intentionnel de ma part d'avoir fait un disque pop. Effectivement, il est dans l'esprit de ce que je faisais avec le Alan Parsons Project. »

« Vous avez fait appel à de nombreux invités sur ce disque de Lou Gramm, ex chanteur de Foreigner à Steve Hackett de Genesis. Comment cela s'est-il fait ? »

« Pour Lou Gramm, c'est venu naturellement. C'est un mec fantastique avec une super voix.On a discuté en parlant de mon groupe. Il a fait les voix dans un studio à New-York. Nous n'avons pas travaillé dans le même studio mais ce n'est pas un problème. Il manque certes la dimension humaine mais au niveau technologique ça fonctionne bien. »

« Le premier morceau de l'album, « The Sorcerer's Apprentice » est tiré de la bande originale de « Fantasia ».

« Tout à fait. C'est un compositeur français qui l'a écrit, Paul Dukas. On voulait en faire un morceau rock. Steve Hackett a fait un super job sur le morceau.C'est une pièce de musique importante. »

« Et le dernier morceau est aussi dans la BO d'un film. »

« Oui, de 5-25-77 qui est sorti il y a deux ans. La thématique du film est celle d'un réalisateur adolescent vivant dans l'Illinois et de son enthousiasme pour la première de « Star Wars » le 25 Mai 1977. »

« Je sais que vous êtes très intéressé par la magie. Nombre de paroles du disques tournent autour de ce thème. »

« Les chansons parlent de magie même si ce n'est pas un concept album mais c'est vrai, les morceaux parlent beaucoup de cela. J'ai toujours aimé la magie. »

« Il y a un titre en Français dans le disque : « Soirée Fantastique. » C'est à propos d' un cirque en France ? »

« C'est tout à fait cela. C'est pourquoi on entend des voix françaises au début du morceau. J'aime beaucoup la France. J'étais très triste pour votre pays cette semaine avec ce qui s'est passé à Notre Dame. C'est une tragédie. Cela m'a profondément touché et meurtri. »

« La pochette du disque est typique du style de pochette que vous faites en général. Que représente-t-elle ? »

« Cela tourne encore une fois autour de la magie. Une personne qui cherche son chemin sur une route magique et imaginaire. »

« La tournée européenne débute bientôt. »

« Elle commence samedi prochain. Je rentre tout juste d'une tournée américaine. Je n'ai eu que quelques jours de repos. On jouera pas mal de titres du nouvel album mais pas seulement. Pour une raison que j'ignore il n'y a pas de date en France. J'espère y jouer car j'aime beaucoup la France. »

« Vous allez jouer le 13 juillet pour le cinquième anniversaire de Apollo 11. »

« Oui, c'est un concert gratuit. Il aura lieu à la base Kennedy en Floride. C'est pour célébrer la mission Appolo 11 qui a permis les premiers pas de l'homme sur la Lune. Je ne sais pas encore quel type de concert ce sera. Si ce sera un concert ordinaire ou autre chose. Cela n'a pas encore été planifié. J'ai hâte d'y être. »

« Vous avez débuté dans la musique en travaillant sur « Abbey Road » des Beatles. Ce doit être incroyable pour un jeune de vingt ans de bosser avec les Beatles. »

« Ca l'est. En fait, ce n'est pas tout à fait mon premier job dans la musique. J'avais, avant cela, dupliqué des cassettes pour EMI et c'est parce que j'avais fait ce boulot et que les Beatles étaient chez EMI que j'ai été embauché pour bosser sur « Abbey Road ». J'étais au bon moment au bon endroit. Je n'ai jamais oublié cette expérience. C'était extraordinaire. »

« Vous avez aussi bossé sur un autre disque mythique du rock, le « Dark Side of The Moon » de Pink Floyd. Vous y aviez apporté des innovations au niveau son, des choses que l'on avait encore jamais entendues à l'époque. Vous vous en êtes ensuite inspiré pour vos propres œuvres ? »

« Absolument. Toutes les expériences que j'ai eu en tant qu'ingénieur du son m'ont influencé pour mon travail de musicien. J'aurais aimé retravailler avec Pink Floyd. C'est un grand regret que de n'avoir fait que cet album avec eux. J'aurais voulu que l'on en refasse au moins ensemble mais j'ai ensuite été accaparé par ma carrière. »

« Vous avez sorti des titres comme « Eye in The Sky » ou « Don't Answer me » qui sont devenus des classiques, des morceaux iconiques de la musique. J'imagine que c'est quelque chose de particulier pour un musicien et une grande fierté. »

« Bien sûr. C'est quelque chose d'incroyable. Je fais le métier que j'aime ce qui est déjà un privilège. Je suis là depuis trente cinq ans alors que nombre de carrière s'avèrent courtes. Je pense que je reste davantage un producteur qu'un musicien, que mon talent principal reste d'enregistrer en studio. On vit un moment difficile dans l'industrie musicale. Il est dur aujourd'hui de ne vivre que du studio. On est obligé de donner des concerts. »

« Vous êtes l'un des musiciens les plus connus de la musique progressive. Vous avez produit l'album de Steven Wilson, « The Raven That Refused to Sing (And Other Stories) en 2013. Le considérez-vous comme votre successeur ? »

« Rires. D'une certaine manière, oui. C'était un honneur que de travailler avec lui. Il est très doué comme artiste. C'est aussi un très bon producteur et son groupe est incroyable. Je suis content d'avoir produit cet album. C'est un très bon disque. Je crois savoir qu'il marche bien, chez vous, en France. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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