Interview

THUNDER (2022) - Danny Bowes et Luke Morley

Un an après le déjà très bon « All the Right Noises » Thunder nous revient déjà avec un album encore meilleur, « Dopamine ». Un double album qui enfile les morceaux classic rock parfaits comme des perles. Entretien avec les talentueux et adorables Danny Bowes et Luke Morley.

« C’est assez rare dans l’industrie musicale de nos jours de sortir un album un an après en avoir sorti un. Et encore davantage lorsqu’on revient comme c’est le cas aujourd’hui avec un double album. »


« Il y a différentes raisons à cela. Le lockdown est arrivé juste après que nous ayons terminé l’enregistrement de « All the right noises ». Au moment du lockdown nous avons commencé à écrire, écrire. On a dû repousser la sortie de « All the right noises ». On vivait des temps incertains alors on a décidé de faire de nouveaux morceaux. Au moment du second lockdown on a enregistré de nouveaux titres pour « Dopamine ». Vu que nous ne pouvions pas tourner nous sommes retournés en studio en Mai dernier. »

« Et comment est venue l’idée de faire un double album ?»

« On a fait une première session durant laquelle nous avons enregistré huit morceaux puis une seconde quelques mois plus tard durant laquelle nous en avons enregistré douze. Du coup nous avons commencé à penser à un double album. On avait trop de bons morceaux pour ne faire qu’un simple. »

« La dynamique d’un double album est différente de celle d’un simple. Le double album des Beatles c’est autre chose que leurs autres albums. Est-ce que cela a été compliqué à penser ? »

« A partir du moment où nous avons décidé de faire un double album les choses ont été simples à organiser, le tracklisting tout ça… »

« Il y a quatre morceaux que vous avez enregistré qui ne sont pas sur le disque. Sortiront-ils un jour ? »

« C’est possible. Le problème c’est que les maisons de disques veulent toujours plus. Pour l’album précédent nous l’avions sorti dans une première version puis la maison de disque nous a demandé de le sortir avec des bonus. Nos fans n’ont pas été très contents et nous pouvons le comprendre car personne ne veut acheter quelque chose qu’il a déjà. Ils auraient aimé que nous ne sortions que cette version avec ces titres en plus. On ne refera pas cela dans le futur. Il n’y aura pas de « Dopamine » avec des bonus mais peut-être que ces titres apparaitront d’une manière ou d’une autre quelque part dans le futur. »

« Cet album est plus agressif que vos précédents disques dans le son.»

« C’est possible. Ce disque et le précédent ont des paroles liées à des temps difficiles. Dans le précédent le Brexit en l’occurrence. »

« Est-ce que « Dopamine » est un concept-album autour de la vacuité des réseaux sociaux ? »

« Non, même si on parle dans cet album de l’isolation, du fait de se contempler dans un miroir de manière narcissique. L’album parle de ces temps étranges que nous vivons où les gens sont collés toute la journée à leurs téléphones. »

« La pochette représente cela ? »

« Tout à fait. »

« Vous êtes très stables. Vous avez le même line-up depuis 25 ans. »

« C’est difficile de faire de la musique si le line up change sans arrêt. Il n’y a pas de problèmes d’ego dans ce groupe. Il y a une bonne dynamique entre nous en studio. »

« On sent qu’il est facile pour vous d’écrire de classic-songs. »

« Cela ne l’est pas (rires). Mais nous avons plaisir à faire ça. »

« Il y a des chansons dans le disque comme « Black » ou « Unraveling » qui ont cette beauté de la parfaite rock song. Vous avez un secret ? »

« Merci. On a essayé de faire du mieux possible. Nous aimons être surpris en tant qu’auditeurs comme en tant que musiciens. C’est pourquoi nous aimons beaucoup « Black » qui est un morceau différent de ce que nous avons l’habitude de faire. Pareil pour « I don’t believe the world » ou « Big pink supermoon ». Il y a des groupes qui refont toujours le même album et qui font cela très bien mais cela ne nous brancherait pas de fonctionner ainsi. »

« On dirait que vous êtes encore plus inspirés aujourd’hui qu’à vos débuts. »

« AC/DC fait le même disque depuis 25 ans. Ils fonctionnent comme ça pour partir en tournée. Pour un groupe qui n’est pas aussi célèbre qu’AC/DC comme nous, on se doit de fonctionner d’une manière différente. »

« Votre album précédent a cartonné dans les charts. Numéro trois en Angleterre par exemple et dans le top 10 de nombreux pays. »

« Le disque a été numéro 10 en Allemagne, un pays où nous n’avons jamais vraiment marché. On ne sait jamais pourquoi un album marche mieux qu’un autre. Il n’y a pas de règles à cela. Si des gens n’ont jamais écouté Thunder et d’un coup se mettent à nous écouter, c’est super. Plus que notre position dans les charts ce qui nous importe c’est de faire la musique qui nous plaira. Nous avons de la chance. Nous faisons ce que nous voulons. C’est un privilège. »

« Vous êtes là depuis 30 ans. Comment gérez-vous cela ? »

« On se connait super bien. Nous sommes amis. Cela ne pourrait pas marcher si ce n’était pas le cas. On se comprend, on se respecte. »

« Vous tournez en Angleterre au moment de la sortie de l’album.»

« On aime autant faire des concerts dans les stades que dans des lieux plus intimes. Cette tournée sera une tournée des stades. On a deux albums à promouvoir live car nous n’avons pas tourné pour le précédent album. »

« Vous jouerez en France bientôt ? »

« On espère mais avec le Brexit c’est compliqué. On jouera au Hellfest cet été en tout cas. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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