Interview

ENTHRONED - Nornagest

Trente ans après leurs débuts Enthroned reste l’une des formations majeures du black-metal. Leur dernier album en date « Cold Black Suns » était un excellent disque. On attend le prochain avec impatience. Entretien avec Nornagest au Tyran Fest.

« Votre dernier album, « Cold Black Suns » est sorti il y a trois ans. Il a très bien marché puis le Covid a tout arrêté. »


« Oui carrément. L’album a très bien marché, c’est vrai. On a tourné en Europe en janvier 2020. Il y avait du monde alors que l’on commençait à parler du Covid. On avait des plans pour l’Asie du Sud Est qui sont tombés à l’eau. Même aujourd’hui les propositions de concerts sont moins importantes que par le passé. »

« Cela a dû vous couper l’herbe sous le pied. »

« C’est vrai. C’est frustrant. Mais du coup on a commencé à se lancer dans l’écriture d’un nouvel album. Le Covid a coupé la motivation de certains membres du groupe. On a changé de line-up. »

« Il y a eu énormément de changements de line-up depuis vos débuts d’ailleurs. »

« Oui il y a eu des comportements de certains musiciens qui n’étaient pas acceptables. Heureusement là j’ai un super guitariste. »

« Et il y a eu des moments difficiles comme le suicide de votre batteur Cernunnos en 97. »

« C’était mon meilleur ami. Il était le co-fondateur du groupe. Cela a été un coup dur. C’était un mec formidable. »

« Il y a un côté occulte chez Enthroned. Pour toi le black c’est l’occultisme ? »

« Totalement. Le black metal c’est cela. Il y avait d’ailleurs déjà cela chez King Diamond ou Mercyful Fate. »

« Tu trouves que certains groupes se servent de cela comme d’un gimmick ? »

« Oui. Tu ne dois pas faire cette musique car ton groupe préféré le fait mais parce que tu le vis dans ta chair, dans ton sang. »

« Toi tu es pratiquant de l’occulte ? »

« Oui. Chacun a sa vision par rapport à cela. Ce qui est important c’est d’être toujours honnête avec soi-même. »

« C’est cohérent que vous ayez signé chez Season of Mist, je trouve. »

« Je connais le boss du label depuis trente ans. Pour moi c’est le meilleur label pour ce genre de musique. Ils font un travail remarquable. »

« Vous avez été chez Napalm durant des années. Vous n’étiez pas trop extrême pour eux ? »

« Ils ont fait du bon travail de promotion mais ils étaient un peu trop dans une optique commerciale. Cette optique ne doit pas empiéter sur la création. On ne doit pas te dire qui doit faire ta pochette de disque ou quoi que ce soit. Nous nous sommes cependant séparés en bons termes. »

« Vous avez souvent changé de label. C’est compliqué pour un groupe. »

« Oui c’est assez chiant mais quand ça ne va plus ça ne va plus. »

« Votre premier album, « Prophecies of Pagan Fire » date de 1995. Vous arrivez juste après la vague du black norvégien. Mayhem, Emperor, Darkthrone sont des groupes qui t’ont marqué ? »

« Oui, dire non serait un mensonge. J’aimais bien ces groupes mais j’étais plus dans la scène sud-américaine, des trucs plus crados comme Sarcófago. »

« Enthroned est un groupe culte. C’est une fierté ? »

« Cela fait plaisir. Mais je n’y pense pas. Je fais mon truc. »

« Le black est devenu presque à la mode. Cela doit te faire bizarre. »

« J’ai joué dans une croisière où jouait Behemoth. C’était hallucinant. Je n’aurais pas pu penser cela en 94/95. Cela a été une expérience étrange. Mais on me demanderait de le refaire, je le referai. Cela fait des vacances sympas. »

« Il y a un nouvel album bientôt ? »

« Oui, on le sortira l’an prochain, au printemps 2023. Il est quasiment prêt. Il manque quelques arrangements de guitares. Il sera dans la continuité du précédent mais plus intense et plus noir. C’est dur de faire un disque qui soit à la fois noir et brutal et il l’est. Je suis fier des paroles. Le disque va être présenté comme un grimoire. C’est une histoire vraie. Chaque morceau a été décomposé par rapport à un rituel qui existe. Gilles de Laval grand écrivain de l’occulte a participé à l’album. »

« Les gens du black sont souvent dans l’occulte mais l’inverse n’est pas toujours vrai. »

« Pas toujours, c’est vrai mais il y en a. Il y en a aussi qui sont fans d’Yvette Horner (rires). »

« Vous sortez moins d’albums qu’à vos débuts. »

« On a tous eu des problèmes dans le groupe, notamment de santé. Moi-même j’ai failli être handicapé à vie. »

« Tu habites désormais en Norvège. Parce que c’est le berceau du black metal ? »

« Rien à voir. Je suis tombé amoureux du pays. »

« Tu continues de suivre la scène black belge ? »

« Oui il y a une belle scène en Belgique avec des groupes comme Possession, Paragon Impure, Serpent’s Oath. »

« Vous partirez en tournée à la sortie du disque ? »

« On verra ça à la sortie de l’album. On a des plans. C’est dur de tourner aujourd’hui. Les gens ne vont plus aux concerts en Europe. Ils vont aux festivals. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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