Live Report

MENNECY METAL FEST 2023 - JOUR 1 - 8/9/2023

 
Je n’étais encore jamais allé au Mennecy Metal Fest et quel plaisir ce fut pour moi de m’y rendre. Cela me permettait de joindre le plaisir d’aller à un festival metal à celui de retourner dans la banlieue où j’ai grandi. Le plaisir fut encore plus grand en constatant que ce festival est parmi ce qui se peut se faire de mieux dans l’Hexagone : une programmation d’enfer mêlant gros groupes et formations émergentes, une ambiance cool et conviviale, une équipe de bénévoles formidable, une jauge à taille humaine et des espaces permettant d’échanger avec les groupes…Que du bonheur.

Je ne pus assister à tous les shows du vendredi car habitant désormais banlieue nord l’axe nord-sud un vendredi en fin d’après-midi-début de soirée s’apparente quelque peu à une certaine vision de l’enfer (ce qui met au moins dans l’ambiance pour un festival metal).
Je manquais donc les excellents Moonskin, l’un des meilleurs groupes doom de l’Hexagone, l’Araignée au Plafond dont les échos que je recueillis allaient de « hyper original et incroyable » à « c’est n’importe quoi ce groupe, ca sonne chaotique au possible » ce qui fait que l’on a très envie de se faire une idée par soi-même, Chaos Sexual et Sleazy Town.

J’arrivais sur le site au moment du set de Malemort qui délivre un genre musical assez rare : du metal qui incorpore de nombreux éléments chansons. On pourrait penser le mélange périlleux mais cela fonctionne très bien. Le chanteur a en outre un vrai charisme et on passe un très bon moment en leur compagnie.
Howard qui suit œuvre dans un style space-rock à la Hawkwind mélê à du psychédélisme et à une touche hard-rock 70’s à la Deep Purple. La musique de Howard où l’orgue hammond et le thérémine jouent un rôle important se veut aérienne et spatiale. Le trio invite l’auditeur pour un long et beau voyage intersidéral. Un très bon groupe qui mérite vraiment d’être vu en live.

Deux des plus grandes formations du hard-rock français des années 80 suivent ensuite : Sortilège et Satan Jokers. Le retour de Sortilège a été une belle réussite. Les vieux albums n’ont pas pris une ride et le nouveau sorti cette année est un très bon disque qui a gardé le style Sortilège que l’on aime tant tout en modernisant la production. La voix de Christian « Zouille » Augustin n’a pas bougé et on ressent toujours le même plaisir à réentendre ces classiques que sont « Chasse le dragon », « Messager », « D’ailleurs » ou « Délire d’un fou ». Les nouveaux morceaux n’ont pas à rougir face aux classiques du groupe, du dévastateur « Attila » avec Stef Buriez en guest, aux très originaux « Poséidon » ou « Vampire ». On sait d’avance que chaque concert de Sortilège sera un bon concert et celui du soir ne déroge pas à la règle.
Celui de Satan Jokers qui suit est à la fois chaotique et génial. Chaotique car Renaud Hantson arrive sur scène dans un état que l’on pouvait voir chez les musiciens dans les années 70 mais que l’on a plus guère l’habitude de voir de nos jours. Le rock est devenu très aseptisé. Avec un Renaud Hantson il ne pourra jamais l’être. Il y a chez ce mec une énergie, une folie qui fait du bien dans un monde bien trop formaté. Et même si Hantson parait défoncé jusqu’à la moelle il assure toujours autant au niveau chant : osez s’attaquer à « Whole lotta love » de Led Zep dans cet état, chapeau bas l’artiste. Satan Jokers termine son concert par l’excellent et indémodable « Les Fils du Metal ». Un show sur le fil mais qui a une sacrée gueule.

On termine en apothéose avec Paradise Lost. Trente ans après leurs débuts les Britanniques restent une formation majeure du metal européen. Leur set au dernier Hellfest avait été de toute beauté. Celui de ce soir est peut-être encore plus beau. Le son est splendide et le groupe nous a concocté une set-list sublime avec des titres de certains de leurs plus beaux albums : « Hallowed Land » et « The last time » de « Draconian Times » ou « Embers » et « True Belief » de « Icon ». Ces dernières années Paradise Lost est revenu au son qui avait fait sa gloire et bien leur en a pris. Le groupe sonne parfois plus proche d’un groupe cold-wave qu’un groupe metal et on adore ce son gothique qui fonctionne on ne peut mieux. Un concert d’une grande beauté pour bien terminer cette première journée.
 
Critique : Pierre Arnaud
Date : 8/9/2023
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