Live Report

WHAT THE FEST - EX TENEBRIS LUX (Jour 2) - Montpellier - 25/10/2024

 
On arrive trop tard à Montpellier le jeudi 24 pour aller au premier soir de What The Fest-Ex Tenebris Lux en église avec un programme on ne peut plus alléchant : Céleste, BlóÐ et Azken Auzi.

On est en revanche bien là pour les deux soirs suivants.

Le vendredi soir débute avec un set de Sordide. Les rouennais ont sorti leur nouvel album « Ainsi Finit le jour » le jour même. Sordide a toujours été un groupe à part dans la scène black française que ce soit de par les thématiques développées par le groupe (plus sociétales que satanistes) et parce que leur musique possède une influence punk assez forte. On est d’ailleurs étonné en écoutant le set du soir que cette tonalité punk soit moins présente que par le passé. Le line-up de Sordide a changé il y a peu et le nouveau bassiste apporte un son plus doom que punk. La musique du combo devient ainsi moins speed et plus lourde qu’autrefois. Ce nouveau parti-pris est plus qu’intéressant comme le sont les échanges vocaux entre le guitariste et le batteur. On découvre avec plaisir les nouveaux titres qui se révèlent tous excellents. Sordide a toujours été un groupe intéressant. Il l’est peut-être encore plus aujourd’hui.

Suit Fange qui est devenu un groupe culte dans la scène française. Les Rennais mélangent depuis maintenant plus de dix ans indus, sludge et death-metal. Un cocktail rare qui fait toute l’originalité de ce combo. Sur scène Fange est assez impressionnant. Musicalement cela sonne encore plus sludge en live que sur disque avec en plus un côté noise très présent. Le chanteur est un fou furieux qui torture son micro et se tortille dans tous les sens comme un possédé. Ce que propose le groupe est très fort car lorsque l’on croit qu’il a fini par nous perdre à force de dissonances on retrouve d’un coup d’un seul la voie. Aventureux et excitant Fange fait très mal.

On a débuté par deux très beaux concerts. On va terminer en apothéose. J’avoue n’être pas un grand fan de death technique. Les mecs œuvrant dans le genre pensent souvent qu’ils vont épater la galerie en sortant le plus de notes tordues possibles à la seconde. Mais Ulcerate qui se produit ce soir est à l’opposé de cela. Il n’y a en effet jamais chez les Néo-zélandais la note de trop. Tout est ultra précis, ultra pensé. La section rythmique est d’un niveau vertigineux avec notamment un batteur qui est un vrai métronome. Ce qu’Ulcerate joue est archi complexe et l’on sait bien qu’en général la musique trop complexe touche peu. Celle d’Ulcerate, au contraire, toute complexe qu’elle soit, touche l’auditeur au plus profond de son âme. Les morceaux, ultra longs, sont comme des voyages qui nous emportent au loin. L’alternance growl/chant clair est magnifique. Ulcerate sait se montrer aussi agressif que calme et dans les deux registres il nous éblouit. Un concert de toute beauté, l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné de voir cette année.
 
Critique : Pierre Arnaud
Date : 25/10/2024
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