Chronique

Steve Senes est le guitariste qui sait utiliser ses doigts pour faire vibrer son bolide. Le genre de musicien qui use de son habileté dans différents projets (Superswamp Heroes et Pale Horse) sans jamais en faire trop. Et il ne s’arrête bien évidemment pas là, consacré au rang de guitariste superstar de l’année 2009 avec une expérience solidifié par 300 concerts à l’année dans une grande variété de styles musicaux, ce blondinet présente dE-evolution of thEory, son projet solo. Un album personnel dans lequel notre gaillard a mis tout ce qu’il avait. Si certains savent tout faire, d’autres n’hésitent pas à déléguer et le résultat n’en est que plus sublime. Comme homme de main pour le mixage et l’enregistrement, Steve a choisi Alex Perialas. Un bonhomme connu dans le milieu pour avoir travaillé avec Overkill, Testament, Anthrax, S.O.D….

Joe Satriani, Yngwie Malmsteen sont ses principales influences et ce ne serait pas une erreur de dire qu’il est un sérieux challenger. En véritable autodidacte et maître de son art, cette galette est distillée par de subtils pincements sur une corde de six, Steve nous présente des reprises. Concocté comme le serait une potion magique à base de solos de guitares étourdissantes parfois même épileptiques, dE-evolution of thEory touche à différents styles (metal, jazz et funk). Inspiré, ses interprétations sont justes et toujours homogènes.

L’alchimie qui émane de ce disque est aussi inexplicable que communicative et témoigne de la créativité de son auteur qui réinvente en permanence et avec effervescence. Et ce qui en émerge, c’est cette énergie, cette formidable envie de jouer dans tous les sens du terme sans dénaturer ses reprises. La capacité de tenir en haleine un auditeur n’est pas simple et pourtant Steve est capable de le faire avec l’apport de sa seule virtuosité. Dès la première écoute, on sait que des paroles et une quelconque ligne de chant aurait été superflue.

Quand la complexité se conjugue à l’esprit musical alors la fulgurance atteinte sur chaque titre est juste vertigineuse. Sa guitare fait monter la pression et prend véritablement vie avec une complexité harmonique proche de Steve Vai ou encore Jason Becker. Steve parvient dans ses plus beaux moments à saisir les réponses émises par le vent et son bruissement.

Il n’a que dix doigts et pourtant on pourrait lui en donner le double. Tandis que le reste de la sphère musicale joue faux, dans une cacophonie innommable, lui sait ce qu’il fait et on ne peut que l’encourager à continuer dans cette voie.