Interview

INFERNAL CULT (2020) - Martjern

A seulement vingt ans, Martjern, tête pensante de Infernal Cult a déjà sorti plusieurs EP et un album, le splendide « All the Lights Faded » paru en 2018. Un disque d'une noirceur rare qui constitue l'un des sommets du black-metal de ces dernières années. Rencontre à Prague avec ce petit prodige dont on attend avec impatience le nouvel album.

« Tu as débuté Infernal Cult en 2015. Quelle était ton ambition à ce moment-là ? Et pourquoi avoir fait ce projet en solo ?»


« J'ai démarré ce projet parce que j'écoutais du black. Je voulais faire un truc influencé par du black old school, des groupes comme Taake, Urgehal, ces groupes de la seconde vague du black, avec en fond des thémes comme la dépression, les émotions, l'âme humaine...Je voulais un truc ancré dans la réalité avec des thématiques centrées autour de la nature. Après mes premiers EP, j'ai voulu écrire des trucs uniquement basé sur des choses réelles, des événements vécus. »

« Et pourquoi as-tu choisi de faire un projet solo, pas un groupe ? »

« C'était mon choix. Je voulais être dans le contrôle total de ce que je ferai. »

« Tu as sorti plusieurs EP avant l'album. Pour quelles raisons ? »

« Je cherchais mon style et à travers ces EP, je le peaufinais. Le premier EP est du black classique, les autres sont plus expérimentaux. »

« Sur l'album, les morceaux sont très longs, de neuf à quinze minutes. »

« Je suis incapable d'écrire de courts morceaux. Chaque chanson a une histoire avec différents chapitres. Il y a un riff principal qui structure le morceau et qui arrive souvent à la fin. »

« Du coup ton album dure plus d'une heure. Tu aimes ce format ? »

« J'avais envie de faire un album de quarante cinq minutes mais il y avait tant de trucs que j'aimais bien que je n'avais pas envie de les jeter. »

« Le disque est très black-metal mais la voix sonne souvent death. Tu en écoutes ? »

« Non, je n'en écoute pas mais je trouve que le growl convient bien au style que je fais. Je n'ai pas envie de crier tout le temps. »

« Il y a des éléments dans ton disque qui ne sont pas purement black. »

« Les choses ont changé avec les années. Je voulais à mes débuts faire du black classique mais j'ai évolué. Pour moi l'important est de créer son propre style. »

« Tu écoutes quoi maintenant ? »

« J'écoute de tout. J'ai écouté du black durant dix, douze ans mais à un moment j'ai trouvé que tout sonnait pareil. J'adore l'Islande. J'ai écouté plein de groupes black islandais et à l'exception de deux, trois groupes, tout sonne identique. J'écoute de l'ambient, du hip-hop, de l'indie-rock. »

« C'est pour cela que les morceaux dans ton disque sonnent aussi différents les uns des autres. »

« Tout à fait. »

« Le dernier morceau de l'album dure dix huit minutes. »

« J'avais tellement de riffs à incorporer dans ce morceau. Le titre à la base durait huit minutes mais j'ai trouvé qu'il n'était pas vraiment fini. J'ai eu raison car je trouve que c'est l'un des meilleurs morceaux de l'album. »

« L'album sonne très sombre. C'est le climat que tu voulais ? »

« Oui. Je voulais quelque chose de sombre mais avec des progressions mélodiques à l'intérieur des morceaux. »

« Tu veux créer la musique la plus sombre qui soit ? »

« Si tu m'avais posé cette question il y a quelques années je t'aurai dit oui mais j'ai changé. Aujourd'hui, je veux mettre dans ma musqiue un grand nombre d'émotions. Je ne vais certes pas chanter sur les oiseaux mais je veux créer quelque chose de plus positif (rires). »

« Dans le futur dans quelle direction musicale veux-tu aller ? »

« J'ai écrit de nouveaux morceaux. Ce sera différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Les thémes vont un peu changer. Si tu es un artiste, tu évolues avec ton art. Ce sera du Infernal Cult mais cela ira vers d'autres voies également. »

« Que signifie le nom du groupe ? »

« Je voulais un nom qui soit court et simple. Un nom qui sonne black et que les gens puissent mémoriser facilement. Le nom peut sonner ésotérique mais je ne suis pas là-dedans. Le black-metal a été beaucoup contre le christianisme mais en République Tchéque la religion chrétienne ne m'emmerde sur rien donc je n'ai aucune raison d'écrire contre eux. J'ai mes propres thémes et je n'écris pas contre la religion. Celle-ci a fait des choses horribles mais aussi de superbes œuvres d'art. Chacun peut croire à ce qu'il veut tant qu'il n'emmerde pas les autres. »

« Tu as grandi avec le black norvégien ? »

« Oui, principalement. C'est logique que le black-metal soit né en Norvége, du fait de la nature qui est omniprèsente dans ce pays. J'aime davantage le black norvégien que suèdois. »

« Comment est la scène black en Tchéquie ? »

« Elle est petite. Il y a deux, trois groupes vraiment intéressants. Les meilleurs groupes black d'ici sont partis à l'étranger. Il y a trop de rivalités dans la scène black dans ce pays. En Norvège, les groupes s'aidaient les uns les autres ce qui n'est pas le cas ici. »

« Ton album est sorti il y a deux ans. Tu travailles sur un nouveau disque ? »

« Oui. Je pense que le prochain album sortira l'an prochain.»

« Tu as sorti une compilation, « On the Edges of Time », l'an dernier. »

« J'ai rassemblé tout ce que j'avais fait à mes débuts dans un Cd car ce n'était sorti qu'en digital jusqu'à prèsent. »

« Y-a-t-il des groupes metal tcheque que tu apprécies ? »

« J'aime beaucoup Master Hammer. Ce n'est pas un groupe qui m'a influencé mais j'apprécie énormément leur musique. Je les trouve très intéressant. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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