Interview

MARIANAS REST (2021) - Groupe au complet

Les Finlandais de Marianas Rest viennent de sortir avec « Fata Morgana », n’ayons pas peur des mots, un chef d’œuvre. Un album de death/doom mélodique où la mélancolie emporte l’auditeur loin, très loin. Rencontre avec ce groupe aussi talentueux que sympathique.

« Quelle était votre intention pour ce nouvel album par rapport aux deux premiers ? »


« L’idée était de finir l’histoire que nous avions débuté avec le premier. On a essayé d’être plus cohérent musicalement sur celui-ci. On ne voulait pas forcer les morceaux. Ils devaient aller là où ils devaient aller. »

« Ces trois albums sont tous des concepts albums. Chacun constitue une partie de l’histoire. Ce nouvel album clôt cette trilogie. »

« Oui. Le premier album montre le personnage se perdre dans le monde moderne : il ne peut affronter celui-ci. Dans le nouvel album, il se retourne sur sa vie passée et réalise la distorsion de la réalité, distorsion qui l’a amené à ne pas voir les choses telles qu’elles se sont passées réellement. »

« Cela parle de l’isolation de l’homme ? »

« Oui et du fait que tu penses voir les choses clairement et qu’en réalité il y a une distorsion entre ce que tu crois voir et le réel. Les média-sociaux peuvent très facilement manipuler les gens. Cet album parle de solidarité. C’est vu de plusieurs angles différents. »

« Il y a l’espoir à la fin cependant ? »

« On le pense mais les auditeurs peuvent se faire leur propre idée. Pour nous, c’est un nouveau commencement. Chacun peut le voir de différentes façons. »

« On vous classifie souvent comme death/doom mélodique, c’est une étiquette qui vous convient ? »

« On ne fait pas attention à cela. Nous jouons du rock’n’roll. C’est le marketing qui impose les étiquettes. Après, si on nous classifie comme death/doom mélodique cela nous va. »

« Il y a des éléments post-rock dans ce disque. »

« Définitivement. Ils sont là depuis nos débuts. C’est peut-être par rapport à cela que nous sommes différents de la plupart des groupes death/doom. »

« Ce que vous faites est à la fois très agressif et très mélancolique. »

« La mélancolie vient de notre environnement. La Finlande est mélancolique. On a toujours voulu mélanger agressivité et mélancolie. »

« La Finlande influence votre musique ? »

« Oui d’une certaine façon. Mais de façon inconsciente. Même si la nature nous entoure, elle ne nous influence pas de manière directe. Il y a de magnifiques forêts en Finlande mais aussi des villes très laides et très fonctionnelles. Il y a ce contraste dans ce pays, contraste que l’on retrouve dans notre musique. »

« Les vocaux sont souvent très black mais mêlés à une musique au fond mélancolique, comme on le disait. Cela amène à un contraste qui donne toute sa beauté à votre disque. »

« Il y a plus d’éléments black dans ce disque que dans nos deux albums précédents. On a essayé sur cet album de trouver la manière la plus adéquate pour faire passer des émotions. »

« J’imagine que vous êtes de gros fans de musique. »

« Oui nous le sommes. Lorsque nous buvons des bières entre nous dans le groupe nous écoutons de tout : de la country, de la pop. »

« Cet album est votre premier sur Napalm. »

« Nous n’avions jamais imaginé qu’un jour on se retrouverait chez Napalm. Presque personne ne nous connaissait à l’époque des deux premiers albums, à part le public finlandais. C’est presque un rêve que de voir son nom chez un tel label. Ils nous ont fait nous sentir bien, nous ont donné de bons conseils. Tout marche à merveille. »

« Comment avez-vous signé chez eux ? »

« On a envoyé nos deux premiers albums à différents labels mais nous étions un peu bourrés lorsqu’on l’a fait et plein de mails sont partis dans le vide. Napalm nous a répondu mais leur mail s’était retrouvé dans la corbeille. On a donc tardé à leur répondre et nous nous sommes dit : « ils vont penser que nous sommes un groupe de crétins (rires). »

« Comment avez-vous eu Lindsay Matheson pour les backing vocals ? »

« Grâce à notre producteur. Il la connaissait. On s’était dit que des vocaux féminins seraient bien sur notre disque. Sa voix fonctionne à merveille sur nos morceaux. »

« Ceux-ci sont très longs. »

« Oui nous ne savons pas faire autrement. On a essayé mais ça ne marche pas. »

« Votre musique est très émotionnelle. C’est votre but d’atteindre cette émotion. »

« Oui nous sommes bons pour créer des atmosphères. C’est un truc que nous savons faire. Nous essayons de transmettre des émotions à l’auditeur. »

« C’est l’utilisation de claviers qui amène cette émotion ? »

« Ils sont essentiels dans notre musique. Ce serait trop brut sans les claviers. Les claviers sont comme un lien entre tous les instruments. »

« De nombreuses personnes vous ont découvert avec cet album. »

« Nous l’espérons. En plus, Napalm ressort nos deux premiers albums. Donc si les gens veulent connaitre toute notre histoire, ils le peuvent désormais. »

« Il n’y a pas de live prévus pour le moment à cause du covid, j’imagine ? »

« Rien pour le moment, effectivement. On se concentre sur la sortie de l’album, sur la promotion de celui-ci. On va jouer live sur le Net. On va écrire de nouveaux morceaux. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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